Pourquoi certains pays ne bénéficient-ils pas d'un effet de rattrapage des salaires ?

Le Graphique 2.10 permet de tirer trois conclusions principales sur les écarts de salaire entre pays :

  • Les écarts de salaires sont très élevés d’un pays à l’autre. Ils sont tellement considérables qu’il a fallu adopter ce type de représentation graphique semi-logarithmique. Ainsi, en 1985, les salaires chinois sont plus de cinquante fois (indice < 2) plus faibles que les salaires aux États-Unis ;
  • La spécialisation de certains pays dans l’industrie manufacturière s’accompagne généralement d’une réduction des écarts avec les salaires aux États-Unis. Le rattrapage est complet en Allemagne et au Japon dans les années 1980 et l’est presque en Corée. L’écart concernant les salaires chinois se réduit lui aussi considérablement au cours des dernières années ;
  • Il n’y a pas de rattrapage pour certains pays dont les salaires restent très éloignés des salaires états-uniens.  L’écart de salaire avec les États-Unis peut même s’accroître, comme c’est le cas pour le Mexique malgré l’accord de libre-échange qui lie ces deux pays (et le Canada) depuis 1994.

Les deux premières conclusions coïncident bien avec la logique des avantages comparatifs. En effet, ces avantages proviennent d’écarts entre les coûts unitaires de production, dont les salaires font partie. De même, comme nous l’avons vu avec le modèle simplifié du commerce entre la Chine et les États-Unis, la spécialisation chinoise dans les biens manufacturés exerce une pression à la hausse des salaires en Chine, car la demande de travail augmente dans ce pays.

Pourquoi y a-t-il des exceptions ? Pourquoi les salaires de l’industrie manufacturière au Mexique sont-ils de plus en plus éloignés de ceux des États-Unis ?

L’exemple des exportations automobiles du Mexique vers les États-Unis permet de mieux comprendre cette situation. En effet, sur 100 dollars de véhicules exportés du Mexique vers les États-Unis, une valeur de 37 dollars seulement a été ajoutée au Mexique ; 63 dollars proviennent de l’étranger… dont 38 dollars proviennent des États-Unis eux-mêmes.1 L’internationalisation de la chaîne de valeur de l’industrie automobile est maîtrisée, dans ce cas, par des firmes multinationales qui localisent par exemple des activités de conception, de marketing aux États-Unis et des activités d’assemblage au Mexique. Les qualifications exigées et les salaires versés pour chacune de ces activités sont bien sûr très différents et contribuent à maintenir un écart de salaires entre ces deux pays. De plus, le Mexique est incité à maintenir des salaires faibles, voire à pratiquer un dumping social, afin d’éviter que les firmes multinationales ne localisent cette activité dans un autre pays (Cf. section Pour en savoir plus).

1 Alonso de Gortari, « Disentangling Global Value Chains », Harvard University Job Market Paper, 2017. 

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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